Figure de proue

 

À la croisée des chemins, une balise maritime fait réponse aux figures de proue. Ces formes humaines qui tentent d'accoster près du rivage mais que l'on n'arrive jamais vraiment à atteindre. Elles ne sont que chimères éthérées.


Les proues anthropomorphes sont reconstruites à partir des papiers déchirés qui sont les strates du temps sur la toile. Elles font face aux plates-formes maritimes allant au grès des vents tantôt apaisés, tantôt houleux. Ces surfaces mouvantes sont de facture rudimentaire au crayon, et leurs dimensions modestes semblent en effet dérisoires face aux grandes formes humanoïdes.

L'origine de ce projet est née d'une peinture du dramaturge Strindberg, La jument blanche, qui avait attiré mon attention. La jument blanche, une balise se balançant dans la tempête, émerge d'un magma de roches et de sédiments charbonneux. Comme un arrêt figé à la fin d'une phrase, les figures mouvantes inspirent une réflexion sur le temps : le temps, cet obstacle auquel l'homme ne peut échapper, amène un constat ambivalent, entre le désir de surmonter l'arrêt ou la continuité.


Collages, photographies, dessins, rehaussés au crayon noir et gouache.


Galerie Calart, Genève, 2006